mardi 30 septembre 2008

La citation du mois

"Seuls les millionnaires gagnent vraiment du temps en auto. Les autres ne font qu'effectuer des transferts entre temps de travail et temps de transport."

"La vitesse généralisée d'un mode de transport tient compte de la quantité de travail nécessaire à celui qui s'en sert pour acquérir le moyen d'être transporté; pour l'obtenir, il faut diviser le kilométrage annuel effectué par ce mode, par le temps passé en un an dans ce mode de transport et à l'extérieur, par exemple à gagner de quoi le payer;
Jean-Pierre Dupuy a calculé que, pour toutes les classes de revenus « moyennes » - de salarié agricole à cadre supérieur, à l'exclusion des millionnaires-, la vitesse généralisée de la bicyclette est égale ou supérieure à celle de l'automobile ; seuls les très riches gagnent vraiment du temps en auto. Les autres ne font qu'effectuer des transferts entre temps de travail et temps de transport."

(source J
EAN ROBERT, Le temps qu'on nous vole, Paris, Seuil, 1980, p. 64 - L'encyclopédie de l'Agora)

lundi 29 septembre 2008

Le vélo, l'anti-stress pour traitement local

Tout cycliste urbain remontant une file de voitures stagnantes
s'expose à un facteur important de pleine satisfaction.
La notice prescrit généralement une absorption par la
gauche pour des raisons de sécurité, si celle-ci est obturée,
aucune contre-indication n'empêchera d'user de la droite.
Dosage préconisé : intensif progessif - traitement d'une durée minimale
de deux ans jusqu'à fin des travaux
et arrivée du tramway.
Effets secondaires pour le cycliste urbain: possibles crises d'euphories.
Effets secondaires pour l'entourage : impatience, stress et irritations pouvant
se manifester par d’aussi récurrents que ridicules coups de klaxons.
Médecine douce délivrée sans ordonnance.

(Photos Bd Foch - Angers)

mardi 9 septembre 2008

A vélo à l'Amap

Un supermarché ne pourait survivre sans automobile puisqu’il est situé essentiellement en périphérie de ville et donc qu’il dépend de la sur-mobilité des ménages. A moins que ce ne soient les ménages sacrifiant aux exgences de sur-mobilité qui se croient dépendants du concept de supermarché. C'est vrai quoi, y'a des grandes places pour garer des grandes voitures avec des grands coffres pour mettre des gros packs de cola et d'eau minérales dedans. Le tout plus cher qu'au détail parce que bon, qui va aller vérifier les prix alors que les produits soi-disant en promo et leurs homologues au prix habituel sont disséminés sur plus de 1 500 m² de surface commerciale, hein ?
S'aventurer à vélo dans ces zones commerciales, souvent excentrées et toujours aménagées en fonction des besoins des seuls automobilistes, relève autant du non sens que du sport extrème. Parvenu à atteindre l'entrée du complexe sans se faire écraser, ayant résolu le casse-tête du parquage de son véhicule, le cycliste urbain se demande ensuite rapidement ce qu'il a à gagner à passer une heure ou davantage dans un dédale de rayons d'où il ne pourra guère ramener que l'équivalent d'un panier ou deux, mais certainement pas le contenu de tout un caddie.

Bref, par souci de praticité, d'art de vivre, mais aussi pour leur santé mentale, nombre de cyclistes urbains optent davantage pour les commerces de proximité.
En matiére de transport et d'alimentation, les marges de manoeuvres restent à la main de chacun et les utiliser à bon escient pourrait permettre, sait-on jamais, d'impulser une évolution positive.
Partout dans le monde, de plus en plus de gens cherchent à se nourir autrement - se libérer du racket des intermédiaires/transformateurs/empoisonneurs tout en défendant une agriculture humaine. Un pont jeté entre producteurs heureux de son activité et personne ayant besoin de s'alimenter et plaisir à le faire, entre milieu rural et milieu urbain. Une manière de restaurer, autant symboliquement qu'en pratique, l'interconnexion, la symbiose nécessaire entre toute forme de vie et ce qui produit les moyens de sa subsistance.

Soucieux de sortir de sa posture passive du consommateur, le cycliste lassé des grandes surfaces croise, à un moment où à un autre, une Association pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP). L'acronyme désigne, en France, un partenariat de proximité "à ma portée" entre un groupe de consommateurs et une ferme locale, basé sur un système de distribution de « paniers » composés des produits de la ferme.

Pour le paysan, c'est l'assurance du maintien de son activité agricole grâce à la garantie d'un revenu stable et cohérent; pour le consommateur, des aliments frais, de saison, souvent biologiques ; pour les deux partenaires, un prix équitable. Le tout permettant de court-circuiter un intermédiaire gourmand de marges arrières et d'emplois précaires : la grande distibution.

Voici une liste non exaustive d'Amap dans le maine et Loire, dont une,"L'Aneth" qui distribue ses paniers à la MPT de Monplaisir, 3 rue de l'Ecriture, à Angers (contact : amaplaneth@gmail.com)

dimanche 7 septembre 2008

Dynamique de groupe

Retour en images sur le quatrième anniversaire de la vélorution d'Angers.

Quinze heures passées, la place du Ralliement se remplit peu à peu de cyclistes venus des quatre coins d'Angers, voire même d'un peu plus loin. La plupart des fidèles sont là - ceux qu'on n'avait pas vus depuis longtemps ne voulaient pas rater l'événement - mais il y a aussi les novices, qui viennent un à un enrichir le réseau des cyclistes urbains vélorutionnaires.
La première demi-heure est toujours l'occasion de serrer quelques mains, de se retrouver, de se demander comment la vie a été, pour chacun de son côté... y'a pas à dire, les coïncidences, ça crée des liens. Les moins ponctuels arrivent au compte-goutte, renforçant in extremis les effectifs, et puis ça y est, il est 15 heures 30, heure habituelle du départ. Pas d'itinéraire prévu. Un esprit plus enclin à prendre l'initiative monte en selle. Il lance un "Allez, on y va", rapidement relayé - "C'est parti", "à l'assaut", "Go", et c'est une véritable marée à roues qui s'ébroue, s'élance, se répand. Jusqu'à ce que finalement la masse cycliste prenne possession de la chaussée en y imposant sa présence physique incontestable.

Certains, soucieux de rendre plus explicite la visibilité de notre réunion, recourent à l'image, avec efficacité, il faut bien dire.

L'un des logos du mouvement planétaire Critical Mass. Rappellons qu'il n'existe aucun logo officiel pour ce mouvement qui ne l'est pas lui même.

Le nombre de participants est aujourd'hui plus que suffisant pour que le groupe s'impose naturellement, ce qui rend la relation à l'automobiliste plus facile.
Chacun peut ainsi user de son vélo à sa guise, à son rythme, en toute sécurité dans une ambiance conviviale qui tient plus du "joyeux bordel" que de l'embouteillage des heures de pointe.
C'est là le trait le plus séduisant de la vélorution. Chacun d'entre nous se souvient combien il a été frappé, la première fois, de constater à quel point il était plaisant et reposant de pouvoir évoluer en ville, sur son vélo, sans avoir à craindre le trafic automobile. Combien il était imprévisible d'y trouver un tel plaisir. Les jours de retrouvailles, le rapport de force avec la masse automobile est temporairement inversé. C'est comme si elle n'existait pas, et nous, les cyclistes, pouvons ainsi jouir de la rue sans inquiétude. Le plaisir de la mobilité atteint ainsi une rare pureté.
Cette même remarque revient, inlassablement, au fil des coïncidences, chaque fois dans la bouche de nouveaux participants, surpris, qui ne s'étaient pas imaginé qu'il pourrait être si agréable de se balader en centre ville, à vélo, tout simplement. Comme toutes les connaissances, celle-ci, une fois acquise, demeurera indélébile. Nous ne le savions pas auparavant, mais nous ne l'oublierons jamais, la ville à vélo, c'est vraiment agréable !
Voilà ce qui rend le succès de la vélorution inéluctable (bon, ça et la fin du pétrole, c'est vrai).

On immortalise ce quatrième anniversaire par une photo de groupe et un dernier "lever de vélos".

Moment essentiel entre tous que celui de l'après : rencontres, prises de paroles en petits groupes ou devant tous, échanges d'infos en tout genre, de mails, de numéros de téléphones. On discute matos ou bricolage, on s'aperçoit que nos considérations esthétiques ou politiques ne sont pas aussi singulières qu'on avait pu le craindre ou le penser, on constate que notre sensibilité n'est pas si farfelue. Bref, dans les rues d'Angers, à vélo, on ne sera plus jamais vraiment seuls...

Le temps passe insensiblement, les cyclistes urbains se saluent les uns après les autres alors que la "masse cycliste" se disloque peu à peu. Certains poursuivront l'anniversaire jusque tard dans la nuit.

Post scriptum : S'il y avait eu une petite fête dans la foulée, probable qu'une grande partie des participants s'y serait retrouvée...
Pour les cinq ans, y'aurait peut être quelque chose du genre à goupiller, une couche de plus de coïncidence à ajouter pour y remédier, genre sound system inopiné...

samedi 6 septembre 2008

Sauver la planète à vélo… pour le bénéfice de qui ?


La prise de conscience écologique est indispensable pour adoucir le désastre écologique en cours. Dans cette croisade, quelle valeur nous sert de boussole ?

Sommes-nous mus par le seul instinct de conservation, par essence égocentrique, ou nous plaçons-nous au contraire sous la bannière de valeurs plus ambitieuses ? S’agit-il de préserver la plus grande part de notre confort ou au contraire de permettre à l’humanité, dans son ensemble, de perdurer ?

Moins dépendants de l’automobile, nous permettrons peut-être à des politiques différentes de celles déployées depuis 50 ans de voir le jour. Mais cela suffira-t-il ?

L’humanité est confrontée à une crise alimentaire sans précédent. Beaucoup le savent, mais ne peuvent que supposer la part de responsabilité qui est celle de l’occident dans cette situation. Peu de médias s’attardent à expliciter les mécanismes à l’œuvre.

Dans l’article dont je vous propose la lecture, Georges Monbiot montre que nos assiettes ne sont pas innocentes. Certe, notre culpabilité n’est qu’indirecte, tant nos grands décideurs se dispensent souvent de rendre compréhensibles les décisions prises en notre nom. Je ne suis pas un chantre de la responsabilité individuelle, mais peut-être la modification de nos pratiques quotidiennes, sans attendre qu’elles nous soient dictées par en haut, pourra-t-elle nous libérer un jour de l’hypocrisie représentative actuelle et nous permettre d'imposer des conceptions politiques plus... comment dire... humaines.

Famine manufacturée

Une nouvelle vague de colonialisme alimentaire retire la nourriture de la bouche des pauvres

Georges Monbiot, The Guardian, 26 août 2008, http://www.monbiot.com/archives/2008/08/26/manufactured-famine/


traduction O²

Dans son livre « les holocaustes de la fin de l’ère victorienne », Mike Davis nous narre l’histoire des famines qui frappèrent l’Inde dans les années 1870. La faim commença lorsqu’une sécheresse, causée par El Nino, tua les plans du plateau du Deccan. Alors que la morsure de la famine se faisait sentir, le Vice-Roi, Lord Lytton, supervisa l’exportation vers l’Angleterre d’une quantité record de 6,4 millions d’hundredweight (environ 320 000 tonnes) de farine. Pendant que Lord Lytton menait une vie à la splendeur impériale et commandait, entre autres extravagances, « le repas le plus colossal et le plus onéreux de l’histoire mondiale », entre 12 et 29 millions de personnes moururent[1]. Seul Staline fabriqua la faim à une aussi vaste échelle.

Aujourd'hui un nouveau Lord Lytton s’emploie à concevoir un autre raid alimentaire brutal. Courtisan favori de Tony Blair, Peter Mandelson a souvent donné l’impression qu’il ferait n’importe quoi pour complaire à son maître. Il est aujourd'hui commissaire européen au commerce extérieur. Depuis ses somptueux bureaux de Bruxelles et Strasbourg, il espère imposer un traité qui permettra à l’Europe d’arracher la nourriture de la bouche de certaines des populations les plus pauvres d’Europe.

Quelque 70 % des protéines consommées par les Sénégalais proviennent du poisson[2]. Traditionnellement moins cher que les autres produits animaux, il subvient aux besoins d’une population qui arrive en queue de classement au titre de l’Indice de Développement Humain[3]. Un sixième de la population du Sénégal est employé par l’industrie de la pêche ; les deux tiers de ces travailleurs sont des femmes. Au cours des trois dernières décennies, leurs moyens de subsistance ont commencé à décliner au fur et à mesure que les autres nations pillaient les stocks sénégalais.

L’Union Européenne est confrontée à deux problèmes majeurs en matière de pêche. L’un, qui résulte en partie de son incapacité à manager correctement les pêcheries européennes, tient au fait que celles-ci ne peuvent plus satisfaire la demande intérieure. L’autre résulte du fait que les gouvernements européens n’entendent pas entrer en confrontation avec leurs lobbies de la pêche en démantelant les bateaux excédentaires. L’Union européenne a tenté de résoudre ces deux problèmes d’un coup en envoyant ses pêcheurs en Afrique de l’Ouest. Depuis 1979, elle entretient des accords avec le gouvernement sénégalais qui autorisent nos flottes à croiser dans ses eaux. L’écosystème marin du Sénégal a, en conséquence, commencé à évoluer de la même manière que le nôtre. Entre 1994 et 2005, le poids du poisson pris au Sénégal est tombé de 95 000 tonnes à 45 000 tonnes. Submergée par les chalutiers européens, la pêche sénégalaise périclite : le nombre de bateaux emmenés par la population locale a décru de 48 % depuis 1997.

Dans un récent rapport sur ce pillage, ActionAid montre que les familles de pêcheur qui pouvaient se permettre trois repas par jour doivent désormais se satisfaire d’un ou deux seulement. Alors que le prix du poisson augmente, leurs clients connaissent également la faim. Le même phénomène s’est produit dans tous les pays avec lesquels l’Union européenne entretient des accords en matière de pêche[4]. En échange de misérables flux d’échanges internationaux, leur source primaire de protéine a été pillée.

Conscient de la situation, le gouvernement du Sénégal a refusé en 2006 de renouveler son accord de pêche avec l’Union européenne. Mais les pêcheurs européens, essentiellement espagnols et français, n’ont pas tardé à contourner l’interdiction. Enregistrant leurs bateaux comme sénégalais, ils ont acheté des quotas aux pêcheurs du cru et transféré leurs prises en haute mer depuis les bateaux locaux. Ils peuvent ainsi continuer à capter le poisson du pays, sans être aucunement obligés de l’y commercialiser. Leurs profits sont conservés sur la glace jusqu’à ce que la prise parvienne en Europe.

Les services de Mandelson s’emploient à négocier des accords de partenariat économique avec les pays africains. Ils devaient être signés avant la fin de l’année passée, mais un grand nombre de ces derniers, Sénégal compris, s’y est refusé. Ces accords prévoient le droit pour les compagnies européennes de s’installer librement sur le sol africain et disposent qu’elles y recevront le même traitement que les entreprises locales. Cela signifie que le pays hôte ne serait pas autorisé à traiter différemment ses propres entreprises et les compagnies européennes. Le Sénégal serait ainsi empêché de s’assurer que le poisson pris sur son territoire est employé par sa propre industrie pour nourrir sa propre population. Les subterfuges employés jusqu’à présent par les chalutiers européens seraient légalisés.

La Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique a décrit les négociations européennes comme « insuffisamment inclusives ». Elles souffrent d’un « manque de transparence » et d’une capacité insuffisante des pays africains à saisir les complexités légales[5]. ActionAid montre que les services de Mandelson ont ignoré ces problèmes, accru la pression sur les pays récalcitrants et « emmené les négociations à un rythme plus élevé que ce que pouvaient assumer les pays africains ». Si ces accords sont appliqués de force à l’Afrique de l’Ouest, Lord Mandelson sera responsable d’une nouvelle famine impériale.

Il s’agit là d’un exemple du colonialisme alimentaire qui en vient une fois de plus à gouverner les relations entre les pays riches et les pays pauvres. Alors que les ressources alimentaires globales se resserrent, les riches consommateurs entrent en compétition avec les affamés. La semaine dernière, le groupe environnemental WWF a publié un rapport sur la consommation indirecte d’eau par la Grande-Bretagne du fait de l’achat de nourriture[6]. L’essentiel du riz et du coton que nous achetons provient, par exemple, de la vallée del’Indus, terroir regroupant l’essentiel des meilleurs terres agricoles du Pakistan. Pour satisfaire la demande extérieure, les bassins aquifères de la vallée sont pompés plus vite qu’ils ne peuvent se régénérer. Dans le même temps, la pluie et la neige décroît dans l’Himalaya, probablement du fait du changement climatique. Par endroit, le sel et d’autres poisons pour les cultures se diffusent dans des cours d’eau affaiblis, rendant l’agriculture impossible pour longtemps. Les céréales que nous achetons sont, pour la plupart, librement commercialisées, mais leurs coûts masqués sont intégralement assumés par le Pakistan.

Maintenant nous apprenons que les pays du Moyen-Orient, Arabie Saoudite en tête, sécurisent leurs approvisionnements futurs en nourriture en essayant d’acheter des terres dans les pays les plus pauvres. Le Financial Times rapporte que l’Arabie Saoudite entend mettre sur pied une série de fermes à l’étranger, chacune d’entre elles installées sur des superficies pouvant dépasser 100 000 hectares. Leur production ne serait pas commercialisée mais envoyée directement à leurs propriétaires. Le Financial Times, généralement favorable à la vente, quelle qu’en soit l’objet, agite le « scénario cauchemardesque de céréales expédiées depuis des fermes fortifiées sous le regard des affamés locaux. » L’article indique qu’au moyen « d’accords bilatéraux confidentiels, les investisseurs espèrent être en mesure de contourner toute restriction commerciale que les pays hôtes pourraient imposer en cas de crise. »[7]

L’Ethiopie et le Soudan ont tous deux offert aux pays du pétrole des dizaines de milliers d’hectares[8]. Rien de plus simple pour les gouvernements corrompus de ces pays : en Ethiopie l’Etat considère posséder l’essentiel de la terre ; au Soudan, une enveloppe glissée sur le bon bureau transforme comme par magie la propriété d’autrui en échanges commerciaux internationaux[9]. Pourtant 5,6 millions de Soudanais et 10 millions d’Ethiopiens auraient actuellement besoin de l’aide alimentaire. Les accords proposés par leur gouvernement pourront seulement renforcer ces famines.

Rien ici n’entend suggérer que les pays pauvres ne devraient pas vendre de nourriture aux riches. Pour échapper à la famine, les pays doivent renforcer leur pouvoir d’achat. Ce qui signifie souvent vendre leur production agricole et en accroître la valeur en la transformant sur place. Mais les accords que je viens de décrire n’ont rien d’équitable. Là où ils utilisèrent par le passé la canonnière et le Cipaye[10], les pays riches recourent aujourd’hui au chéquier et aux hommes de loi pour s’approprier la nourriture de ceux qui ont faim. La bataille pour les ressources a commencé, mais – à court terme en tout cas – nous en aurons à peine conscience. Les gouvernements du monde riche se mettront à l’abri du coût politique des pénuries, quand bien même cela signifierait que d’autres populations doivent mourir de faim.



[1] Mike Davis, 2001. Late Victorian Holocausts: El Nino Famines and the Making of the Third World. Verso, London.

[2] ActionAid, 11th August 2008. SelFISH Europe. http://www.illegal-fishing.info/uploads/ActionAidSelFISHEurope.pdf

[3] Indice composite (santé, éducation et niveau de vie) entendant évaluer le bien être des populations (ndt).

[4] Vlad M. Kaczynski and David L. Fluharty, March 2002. European policies in West Africa: who benefits from fisheries agreements? Marine Policy, Volume 26, Issue 2, pp75-93.
doi:10.1016/S0308-597X(01)00039-2
Tim Judah, 1st August 2001. The battle for
West Africa’s fish. http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/africa/1464966.stm

[5] UNECA, EPA Negotiations: African Countries Continental Review, African Trade Policy Centre, February 2007. Quoted by ActionAid, ibid.

[6] Ashok Chapagain and Stuart Orr, August 2008. UK Water Footprint: the impact of the UK’s food
and fibre consumption on global water resources. Volume one. http://assets.panda.org/downloads/wwf_uk_footprint.pdf

[7] Javier Blas and Andrew England, 19th August 2008. Foreign fields: Rich states look beyond their borders for fertile soil. Financial Times.

[8] Barney Jopson and Andrew England, 11th August 2008. Sudan woos investors to put $1bn in farming. Financial Times.

[9] For discussions of how landrights in Africa are overruled, see:

Lorenzo Cotula, September 2007. Legal empowerment for local resource control. International Institute for Environment and Development. http://www.iied.org/pubs/pdfs/12542IIED.pdf

Camilla Toulmin, 2006. Securing Land and Property Rights in Africa: Improving the
Investment Climate. Chapter 2.3 of the Global Competitiveness Report, World Economic
Forum, Switzerland.

[10] Soldat auxiliaire indigène (ndt)

Notes perso :

Ah ben c'est pour ça qu'ils préfèrent venir jouer les clandestins chez nous, alors...

Oui oui, tout s'explique. Je me demandais souvent pourquoi certains de mes compatriotes s'étonnent que les immigrés clandestins risquent leur vie à venir chez nous où on les accueille à grand coup de matraque alors qu'ils étaient si bien, chez eux. C'est qu'ils se trompent, ces bons français, voilà. En fait, là bas, nos immigrés, ils crèvent de faim, tout simplement.

Le monde meurt de faim et pédaler ne suffit pas : go vegan !

L'agrofuel n'est pas le seul à accaparer des terres autrefois utilisées pour l'alimentation humaine.
Chaque calorie animale consommée en aura nécessité sept d'origine végétale pour être produite.
Réduire sa consommation de viande jusqu'à remettre en question la place trop importante que celle-ci occupe dans notre régime alimentaire, c'est objectivement favoriser la possibilité qu'advienne un jour un modèle agricole plus équitable. La terre ne peut supporter autant de voitures que d'individus, elle ne peut pas davantage produire de viande pour plus de six milliards de carnivores.