Puis un jour, des élus locaux, à grand renfort de consultants en voirie et urbanisme, définirent une politique cyclable d'envergure devant faciliter le trajet du cycliste et pacifier la ville au passage. Après d'interminables études et recherches, le projet fut lancé, achevé et finalement, trois coups de peinture plus tard, inauguré en grandes pompes.
Mais quel ne fut pas leur désarroi quand le cycliste fut venu. Il s'avéra que celui-ci persistait à rouler sur la chaussée avec les automobilistes malgré les récurrents coups de klaxons de ces derniers qui du coup ne supportèrent plus sa présence.
Les élus, agacés, lui demandèrent :
-"Vous vous méprenez, messieurs, je ne m'y sens pas en sécurité. Avant, mon trajet empruntait, fort logiquement, une ligne droite. S'il est généralement sécurisant d'être à l'écart du trafic, ici tel n'est pas le cas. A trois reprises, je dois marquer un arrêt et laisser la priorité aux automobilistes. Trois intersections, autant d'occasions de collision en cas d'inattention, de ma part ou de celle d'un automobiliste, alors qu'avant jamais nos chemins ne se croisaient ! J'ajouterai de surcroît que si j'utilise le vélo en ville c'est que celui-ci constitue un moyen de transport rapide, or vos aménagements me soumettent au trafic automobile et m'imposent un parcours qui me fait perdre beaucoup de temps."
Les élus ne surent que dire. Eux qui avaient investi tant de centimes d'euros dans cet ouvrage sans jamais rechigner sur les efforts des employés municipaux avaient pourtant oublié un détail essentiel, pourtant dans l'air du temps : procéder à une concertation, consulter le principal intéressé...